En 2014, dans son court métrage Young Lions of Gypsy, Jonas Carpignano filmait une nuit dans la vie de Pio, un gamin rom calabrais. L’année suivante, son premier long métrage, Mediterranea, suivait avec un humanisme vibrant le parcours difficile d’Ayiva, migrant du Burkina Faso, vers ce même sud de l’Italie. Pour A Ciambra, le jeune cinéaste développe une idée magnifique : fusionner ces deux réalités documentaires dans une fiction en forme de roman d’apprentissage. Son héros, Pio, aujourd’hui 14 ans, se prend déjà pour un caïd, copie ses aînés et rêve d’être le roi de la rapine. Quand son frère est arrêté par la police, il prend la relève pour subvenir aux besoins de sa famille: une « responsabilité » qui va le pousser à trahir plus précaire que lui…
Ce film tourné à Gioia Tauro, en Calabre, avec le concours des membres d’une communauté de Roms qui jouent comme ils respirent, est une merveille d’énergie, entre naturalisme brut et électricité de polar. Les repas en famille orageux, la tension lors des vols de voitures, la chaleur dans le campement voisin des migrants africains : autant de moments intenses, jusqu’au dilemme final et tragique… “Les Affranchis” chez les Gitans, en quelque sorte. A Ciambra a d’ailleurs été soutenu par Martin Scorsese, grâce à un fonds d’aide aux cinéastes émergents. Un statut que Jonas Carpignano n’a vraiment pas volé.
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