Un terrain vague, un appartement confiné et oppressant, « une dame dans le radiateur », un poulet mort qui revit, un foetus monstrueux emmailloté... On n'avait jamais vu, auparavant, un tel cauchemar, gluant et charbonneux. Ce premier film fou, sorti en 1977, David Lynch met cinq ans à le réaliser, en épuisant beaucoup de collaborateurs. D'emblée, le futur auteur de Blue Velvet et Mulholland Drive frappe fort, en greffant à l'épouvante une extraordinaire force plastique et métaphysique. Sauve-qui-peut à la Kafka, Eraserhead nous plonge dans le quotidien plus que bizarre de Henry, imprimeur inquiet, qui apprend lors d'un dîner chez les parents de sa copine qu'il est le père d'un prématuré. Obligé de se marier, il emménage avec le bébé et sa mère. Mais, ne supportant plus les couinements anormaux de l'enfant, celle-ci quitte le foyer...Phobie du sexe, panique devant la paternité, obsession de la malformation : le film est une mine d'or pour psychanalystes. Décor, sons industriels, noir et blanc granuleux, tout obéit à une esthétique malsaine. Cheveux dressés, look pré-eighties, Jack Nance (disparu en 1993 dans des circonstances troubles), ami proche du cinéaste, est inoubliable en père qui perd la tête. — Jacques Morice
Eraserhead, c’est le premier film, ahurissant de David Lynch. Il paraît que le réalisateur a une tendresse toute particulière pour cette première œuvre. On veut bien le croire. Eraserhead ne ressemble à rien de connu. Un sommet de l’étrange, du bizarre, qui nous laisse dans un état incertain, mais bien convaincu d’avoir vu un truc qu’on n’est pas prêt d’oublier !
David Lynchen lehen filma da Eraseheard, harrigarria. Twin Peaks, Blue velvet, Lost Highway, Mulholland Drive, besteak beste, errealizatu dituenak maitasun berezi bat du bere lehen lanarekiko. Sinisten dugu, ez baitu beste ezeren antzik. Ezezaguna, bitxia, ez-jakintasun egoera batean uzten gaituena... baina gauza batez zihur gira, ez gira prest fima hau ahanzteko!