Olivia Cooke est une irrésistible, une inoubliable Katie. On sort de Katie says goodbye en état de grâce, encouragés à ne jamais baisser les bras quoiqu’il advienne, à l’instar de l’étonnante protagoniste de l’histoire.
Au beau milieu de n’importe où, Katie semble avoir poussé telle une improbable fleur sur le bitume aride. C’est d’un pas décidé et sautillant qu’elle aborde son parcours journalier au bord de l’interminable route qui la conduit du mobile home, où elle vit à l’étroit avec sa mère Tracey, au petit restaurant routier dans lequel elle bosse comme serveuse. Ici il n’y a rien d’autre. Seuls les rares camions qui défilent semblent témoigner qu’un ailleurs est possible.
Ici, dans cette communauté isolée et poussiéreuse, nul ne peut échapper longtemps au regard d’autrui. Même ceux qui feignent de l’ignorer savent comment Katie arrondit ses fins de mois. Sans une once de malice, Katie donne à qui sait donner, à qui lui donne. Elle amasse quelques précieux billets supplémentaires grâce à des passes rapides. Là où d’autres auraient baissé les bras, pris dans la nasse de ce lourd quotidien, Katie avance radieuse et s’escrime à mettre secrètement assez d’argent de côté pour se payer un aller sans retour vers un eldorado meilleur, avec pour seul bagage l’espoir inaltérable de ses dix sept ans.
Mais la vie, sous les traits d’un beau brun ténébreux quasi mutique, Bruno, va venir chambouler ses sens et ses plans. Pour la première fois Katie aime et va découvrir que c’est une chose bien plus compliquée qu’elle ne l’aurait pensé. D’autant que ce qui aurait dû être un premier amour idyllique va vite être terni par l’empreinte d’un entourage impitoyable et malveillant envers celle qui pourtant est la bienveillance incarnée. On frémit pour elle en la voyant si fragile et désarmée. On constatera bientôt qu’il est des batailles qui se mènent sans armes.
Utopia