« C’est une histoire ! C’est une fiction ! » : Anna a beau le répéter sur tous les tons, personne n’est dupe. Le film que le personnage joué par Valeria Bruni Tedeschi est en train d’écrire ressemble beaucoup à sa propre vie. A celle d’Anna et à celle de Valeria… Comme pour Il est plus facile pour un chameau…, Actrices et Un château en Italie, la réalisatrice franco-italiene malaxe une matière très autobiographique pour créer un cinéma hybride, où l’imaginaire s’infiltre petit à petit et finit par s’imposer. Libre adaptation d’une pièce de Gorki, Les Estivants réunit une vingtaine de personnages dans une grande villa méditer-
ranéenne, quelques jours au milieu de l’été. Anna, qui est venue retrouver sa fille, terminer son scénario et digérer une rupture, essaie de trouver sa place dans ce phalanstère. Dans ce ballet cacophonique extrêmement bien chorégraphié, personne ne se voit, ni ne s’écoute...
Au centre de tous ses films précédents, Valeria Bruni Tedeschi s’efface doucement dans celui-ci, jusqu’à disparaître complètement dans une brume épaisse lors de la dernière scène, baignée d’une nostalgie et d’une musique toutes felliniennes. Les personnages, morts et vivants réunis, sont enfin apaisés. Dans ce brouillard artificiel, la vraie vie s’estompe, l’illusion triomphe.
Télérama