dans le cadre du Festival Biarritz Amérique Latine
Entrée offerte aux adhérents de l'Association Cinéma Itsas Mendi
Dès 19h15, Chili Dog o completo italiano (végétarien) & une boisson : 8€.
Réservations conseillées
Le nouveau documentaire de Patricio Guzmán s’ouvre sur une métaphore : un parallèle songeur entre les roches éparses au pied de la Cordillère des Andes et les pavés arrachés aux trottoirs pour servir de munitions aux manifestants. Comme si le présent se faisait en quelque sorte l’écho du passé du pays. Cette figure de style rappelle celles utilisées par le cinéaste chilien dans sa passionnante trilogie philosophique (Nostalgie de la lumière, Le Bouton de nacre, La Cordillère des songes). Le titre de ce nouveau film, Mon pays imaginaire, en possède d’ailleurs le même ton merveilleux. Pourtant, la figure de style est rapidement mise de coté et le film déploie un dispositif documentaire plus direct.
Patricio Guzmán s’intéresse ici aux mouvements sociaux ayant embrasé le pays entre 2019 et 2021, tandis qu’un million et demi de Chiliens voyaient leurs gigantesques manifestations spontanées réprimées avec beaucoup de violence par la police et l’armée. Exilé en France depuis la dictature de Pinochet, Guzmán n’était pas présent sur place pour capter les débuts de cet incendie social (il confie d’ailleurs son regret de ne pas avoir pu filmer à temps « les premières flammes »). Peut-être cela explique-t-il que Mon pays imaginaire, composé pour moitié d’images de reportages captées à même les rues embrasées par son chef opérateur Samuel Lahu, paraisse d’abord moins immédiatement personnel que ses autres films plus récents.
Intercalés dans ces images brutes et intenses (sur lesquelles flotte la voix off du cinéaste) se trouvent des entretiens avec différentes personnes liées à ces conflits. La sobriété de cette alternance convenue surprend, mais le relief du film se trouve en réalité ailleurs. La voix de Guzmán évoque le passé, dresse un parallèle entre ces manifestations et celles de l’époque d’Allende. Ses intervenants, ou plutôt ses intervenantes, car on s’aperçoit rapidement qu’il ne s’agit que de femmes, sont plongées en plein présent. Dans les deux cas, le Chili qui est analysé et disséqué n’a rien d’imaginaire.
Étudiantes, autrices, politologues, poétesses, urgentistes… les femmes à qui Guzmán donne la parole sont de profils et d’âges différents. C’est comme si, après avoir disséqué la géographie du Chili, le cinéaste scrutait ici une géographie sociale. Toutes ont en commun l’inébranlable certitude du bien-fondé du combat. Mon pays imaginaire est porté par l’optimisme contagieux et galvanisant de ces femmes-là.
Le Polyester