Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage.
La relation d’Ani et d’Ivan, spécimens de la jeunesse du XXIe siècle, s’exprime en des termes purement transactionnels, qui correspondent à l’espace économique par lequel ils sont tous deux façonnés, celui d’un marché impitoyable où tout rapport au corps se monnaie. Baker expose cette mutation économique du désir, mais ne le retourne pas en jugement à l’encontre de ses personnages.
C’est bien de la naissance de l’amour qu’il est question ici, mais qui adviendra de biais, comme par inadvertance. Dans sa course folle et rebondissante, un regard se pose sur Ani qu’elle n’avait pas vu venir.
Le Monde