Liane est une jeune femme de dix-neuf ans, à peine sortie de l’adolescence, qui vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Avec les épaules un peu voûtées, la démarche volontaire et massive d’une guerrière, en équilibre sur des talons trop grands, avec des rêves trop hauts, toujours près de tomber sur le bord de la route, elle rêve de télé réalité et de participer à l’émission Miracle Island pour laquelle elle a postulé. Toute sa volonté, son énergie sont tournées vers cet objectif qu’on pourrait juger dérisoire, voire vulgaire. Pourtant, à voir la méticulosité qu’elle emploie à fabriquer son image, on finit par peu à peu si ce n’est partager son espoir en toc, en tout cas ne plus le juger bêtement de haut comme de vulgaires bourgeois du Second Empire.
C’est là le miracle de ce film étincelant, précieux : la transfiguration de la lumière artificielle, froide et bon marché, en une lumière solaire, débarrassée des artifices, qui éclaire son héroïne et descend également sur nous. On perçoit enfin Liane dans sa vérité et la pureté de son rêve, celui d’être aimée, d’être désirée pour avoir du pouvoir et échapper au déterminisme, au malaise de notre jugement, diamant brut brillant dans l’aurore d’un magnifique plan final.
Utopia