Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L’expansion vers l’Ouest est semée d’embûches qu’il s’agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser...
C’est le projet d’une vie pour Kevin Costner, qui après trois décennies de refus a hypothéqué patrimoine et carrière (sa série Yellowstone, annulée pour indisponibilité) pour financer sur fonds propres son épopée XXL sur l’Amérique pré et post-Sécession : une collection d’histoires anonymes saisies, dans ce premier volet, à l’extrême ouest d’une final frontier en proie à l’adversité primitive du monde sauvage et aux attaques apaches, bien plus qu’aux tumultes de la guerre grondant à l’est et dont les chapitres restants nous donneront des nouvelles.
Par son gigantisme, sa volonté évidemment présomptueuse de synthétiser rien de moins qu’une histoire exhaustive du vieil Ouest, son espèce de scan panoptique du récit des pionnier·ères, le projet évoque une tentative de western définitif comme La Conquête de l’Ouest (Ford, Hathaway et Marshall), dont il partage aussi l’anachronisme esthétique, le ringardisme assumé et la bravacherie antimoderne.
Toute gaucherie mise à part, il faut cependant apprécier à sa juste et noble valeur l’envergure romanesque de ce film chapitré que l’on aurait bien tort d’assimiler à une série TV.
Précisément ce qu’Horizon, déchaussé des impératifs d’efficacité d’une narration par épisode, s’échine à ne pas être, en articulant un vaste éventail de trames patiemment développées, obstinément indépendantes, certaines se rejoignant très lentement et d’autres pas du tout. Un pullulement de grande saga se dégage de ce grimoire infiniment vivant, formidablement peuplé d’autant de personnages approfondis que de silhouettes aux secrets inviolables, où l’on plonge avec une avidité d’enfant démarrant un costaud volume d’aventures dont il ou elle sait qu’il lui prendra des mois.
Les Inrocks