Une jeune bonne sénégalaise suit ses patrons français retournant dans leur pays, à Antibes. Le plaisir de la découverte de ce nouveau monde se transforme vite en déconvenue profonde. Isolement, mépris des patrons, racisme ambiant, tâches ménagères incessantes... la poussent au suicide.
En 1966 est montré pour la première fois La Noire de… à l’occasion du « Festival mondial des arts nègres » porté à Dakar par Leopold Sedhar Senghor. Ousmane Sembène livre une oeuvre d’une force politique majeure tant elle parvient à se dégager du prisme colonial pour mieux le dénoncer. Diouana fait tout pour « venir travailler pour les Blancs », et son exil prend la forme d’une humiliation cloitrée et d’une lente agonie. À travers l’héroïne, c’est à toute l’Afrique bafouée par l’héritage colonialiste que Sembène rend hommage, en lui restituant sa part féminine oubliée. Clair, net, précis et d’une grande beauté formelle, La Noire de… est un conte antiraciste inoubliable.
Le Lux de Valence