Le premier film de Tawfik Alzaidi raconte l’histoire de Norah, une jeune femme au destin a priori aussi tracé que l’horizon désertique qui se déploie entre les quelques maisons de son village ultra-conservateur. Comme le lui répète sa tante : elle se mariera et vivra là jusqu’à sa mort.
En proie à une lente dépression, Norah s’échappe de son quotidien en récupérant des magazines de mode, que l’épicier du village importe discrètement au village. Lorsque son petit frère ramène à la maison un portrait au crayon que lui a offert Nader, le nouvel instituteur fraîchement débarqué, Norah n’a plus qu’un idée en tête : être à son tour dessinée.
Mais à l’impossibilité pour elle de sortir à visage découvert s’ajoute celle de la rencontre, et c’est dans la difficulté de partager un espace commun le temps d’un portrait que se cristallise intelligemment toute la tension dramatique du film. À cette impossible rencontre s’ajoute aussi toute une problématique autour de la représentation et de l’exposition. C’est le pouvoir subversif de l’image que le cinéaste place implicitement au coeur de son film, en nous montrant toutes les répercussions sociales que peut avoir un simple dessin à l’échelle d’un village, et peut-être aussi un peu le
cinéma à l’échelle du monde.
D’après Les Inrocks