Filmé en noir et blanc, entre documentaire et fiction, Fortuna raconte l’histoire d’une adolescente éthiopienne de 13 ans qui, après avoir traversé la Méditerranée, est accueillie avec d’autres réfugiés au Monastère du Simplon pour passer l’hiver. Imprégné de grandes questions morales, sur notre relation à l’autre, sur nos valeurs et nos choix intimes, porté par un souffle presque mystique, le film évite le triple piège de la bigoterie, de la condescendance ou de la moquerie.
Et si comme récemment dans le film de Cédric Kahn La prière, la spiritualité est au cœur du récit, elle n’est là que pour voler au secours de repères malmenés par une société de consommation effrénée et nous emmène plus sûrement sur la voie de l’altruisme que sur celle de la religion. Un débat nourri d’arguments brillants et mené avec éloquence et sensibilité par les chanoines, révèle les contradictions auxquelles sont confrontés ces hommes d’Église tiraillés entre leur désir d’accueil et d’ouverture au monde et le devoir de réserve et d’isolement inhérent à leur vocation, nous offrant ainsi un sacré beau moment d’émotion. Qu’avons-nous fait ? Quel est ce monde ? Y a t-il quelque-chose que l’on puisse faire ? Si ce drame poignant n’a évidemment pas la réponse à ces questions, il a, à coup sûr, la belle capacité de nous réunir autour d’idées plus promptes à nous unir qu’à nous diviser...
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