Sibel est une jeune femme muette qui habite avec son père et sa soeur dans un village de montagne isolé qui domine la Mer Noire. Elle réussit à s’exprimer grâce au langage sifflé, un moyen de communication ancestral qui retranscrit à travers les sons toutes les syllabes de la langue turque. Tenue à l’écart par les habitants du village, qui la considèrent comme une citoyenne de seconde classe, elle décide de chasser un loup mystérieux qui rôde dans la forêt avoisinante et qui est devenu le cauchemard des femmes du coin. Tandis qu’elle inspecte les bois, à la recherche de la créature, elle rencontre un fugitif. Blessé, sans force, vulnérable, ce personnage mystérieux va vite représenter pour elle quelque chose de différent qu’elle recherchait depuis longtemps, un souffle d’air qui va la transporter loin des règles suffocantes imposées par la société patriarcale dans laquelle elle vit. Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti nous font réfléchir ici à qui est vraiment l’étranger dans une société où tout est contrôlé dans le moindre détail, une société lisse comme une pierre qu’on aurait trop polie. Et si la révolution naissait justement des cendres d’un feu qu’on croyait avoir dompté ? Sibel en est la preuve.